Interview de Pierre-Yves Lochon dans cet article de Frank Niedercorn
Face à la concurrence du virtuel, les musées s’appuieront de plus en plus sur les outils mobiles pour personnalisation des visites. La cocréation de contenus est aussi à l’étude.
En 2016, en entrant dans le Centre international de l’art pariétal Montignac-Lascaux (Dordogne), le visiteur pénétrera dans ce qui pourrait préfigurer le musée du futur. A quelques kilomètres de Lascaux 2 et ses fac-similés de la célèbre grotte, mais à des années lumières en matière de muséologie. « La numérisation des oeuvres a constitué une première révolution pour les musées. Le mobile constitue la deuxième. Il va être une sorte de ciment permettant de relier toutes les briques numériques qui se sont empilées depuis des années sans forcément communiquer », estime Pierre-Yves Lochon, consultant et animateur du Club Innovation & Culture France (Clic), qui réunit les musées, les lieux de patrimoine et de culture scientifique.
A son entrée, le visiteur se verra remettre un « silex numérique », en fait le dernier-né des smartphones Sony soigneusement masqué par une coque en plastique. Ce « compagnon de visite » sera suivi à la trace en permanence à l’intérieur du site grâce à des balises sans fil (« beacons »), identiques à celles qui commencent à se généraliser dans les magasins. Elles éviteront à l’utilisateur de saisir le numéro de l’oeuvre devant laquelle il se trouve et permettront d’obtenir des informations personnalisées en fonction de sa langue et surtout de son profil : enfant, adulte, passionné de préhistoire… « Nous sommes au tout début de cette évolution. A terme, on peut imaginer que le rêve du directeur de musée consistant à s’adresser à chacun de ses visiteurs de façon personnalisée devienne une réalité », prédit Jean-Michel Tobelem, professeur à l’université Panthéon-Sorbonne et spécialiste du management du secteur culturel.
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De commentateur, consommateur voire donateur, le visiteur pourrait devenir un contributeur. C’est l’objectif au sein de Cap Sciences à Bordeaux, centre de diffusion de la culture scientifique qui a développé son propre outil numérique de suivi des visiteurs, utilisé par 45.000 personnes depuis un an. « L’idée est que petit à petit ces visiteurs acquièrent des points, progressent et pour certains entrent dans l’écosystème de Cap Sciences », explique le directeur, Bernard Alaux. « A terme, l’objectif d’un musée ce n’est plus simplement de diffuser de la connaissance ou de la mettre en scène mais aussi de la produire. » Au sein du centre, un nouvel espace est en cours d’aménagement pour accueillir des projets collaboratifs.
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